Depuis deux semaines, la face du monde a changé. On avait déjà dit cela après le 11 septembre, après le Bataclan, après le retour de guerres conventionnelles sur le sol européen … mais depuis ce 7 octobre, c’est le retour de l’expression violente et systématique, réfléchie et programmée contre des Juifs, parce qu’ils sont Juifs. Reviviscence de ce qui semblait impossible après le drame de la Shoa. La barrière établie dans les consciences a sauté, mais hors de l’Europe des pogroms et de la Shoa. La logique en est la même, le processus identique, le fondement semblable. Même s‘ils se parent de la vertu d’un « combat libérateur », les actes de barbarie commis ne sont aucunement de l’ordre de la résistance. Les images sont d’autant plus choquantes qu’elles révèlent une forme de déshumanisation totale, inimaginable.
Depuis de longues années, il apparaissait que la bande de Gaza était une bombe à retardement qui exploserait un jour, comme une cocotte- minute sans soupape. Mais ce constat ne peut en rien justifier une telle barbarie.
Nous sommes, non dans un drame, mais dans une tragédie. Tragédie parce que l’enchaînement de violences qui se déroulent sous nos yeux semble inéluctable et loin d’assurer une issue juste et durable pour tous, malgré le très lourd prix que cette guerre va engendrer pour les populations. Beaucoup de ceux qui croyaient en une cohabitation, n’y croient plus ; la grande majorité des victimes de ces tueries portaient cet idéal.
Il est de notre devoir d’être aux côtés de nos frères Juifs, ce message veut en être le simple témoignage. C’est l’éternelle question, après des années de rapprochement entre Chrétiens et Juifs, au moment de l’épreuve, saurons-nous en montrer l’authenticité ? La sidération ne doit pas fermer notre conscience aux exigences de la condition humaine dans la nécessité de se défendre. Solidarité à assumer, j’ose à peine parler de compassion, tellement les familles et les amis sont inconsolables.
Comment rester humain face à l’inhumain ? Dans le flot des informations, des manipulations, des drames de nos proches et de nos amis, d’une charge émotive difficilement gérable, il faut réussir à garder le cap de l’humanité. Sinon, c’est une double victoire des auteurs du mal. Le Cardinal Lustiger disait au sujet de la Shoa : « c’est le mystère du Mal, le mystère d’iniquité .»
Dans ce combat, nous sommes à vos côtés !
« Notre secours est dans le Nom du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre ! » ֶ֭עְזִרי ֵמִ֣עם ְיהָ֑וה ֹ֜עֵ֗שׂה ָשַׁ֥מִים ָוָֽאֶרץ׃
Ps. 121:2
Monastère d’Abu-Gosh, le 20 octobre 2023,
Frère Louis-Marie
Directeur honoraire du CIRDIC