Lettre du dimanche : Fête du corps et du sang du Christ. B

La Cène. Atelier de la Madeleine, 13e siècle, Florence. Musée du Petit Palais, Avignon

Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous. 

Célébrée pour la première fois en 1246, la Fête-Dieu ou Fête du Saint Sacrement fut étendue à toute l’Église en 1264 par le pape Urbain IV.

Aliments les plus ordinaires, le pain et le vin sont de ce fait sacrés depuis toujours. Et parce qu’ils sont sacrés, ils sont devenus ‘sacrement’ c’est-à-dire ‘rite qui signifie la présence de Dieu et la provoque dans le même temps’ (Théo p. 1074). Dans le judaïsme, au début de tout repas, le père de famille prononce une bénédiction sur le vin et le pain, signifiant par là que la subsistance quotidienne est don de Dieu et qu’il convient de lui en rendre grâce. Jésus-juif s’est soumis à ce rite que l’Église a maintenu dans la célébration eucharistique.

Première lecture : Exode 24, 3-8

Le peuple accepte toutes les paroles du Seigneur et tous ses commandements à savoir la Tora. Mais ce n’est pas encore le dernier mot de l’alliance : aux paroles il faut joindre des actes. Aussi en aspergeant de sang d’une part l’autel qui symbolise Dieu, d’autre part le peuple, Moïse scelle l’alliance dans le sang du sacrifice signifiant par là que le peuple s’engage à donner sa vie, son sang, pour respecter cette alliance.

Evangile : Marc 14, 12-16.22-26

Avant de partir pour le mont des Oliviers y souffrir son agonie, Jésus institue le sacrement du sacrifice de sa vie : le pain devient son corps, sa chair. Et la chair est sa parole : le Verbe s’est fait chair. Le vin devient son sang, ce sang du sacrifice offert à l’exemple de celui de Moïse. C’est donc bien la même alliance que celle du Sinaï qui est ici scellée ; mais d’une manière pourtant renouvelée : la Tora qui inclut la Parole du Père incarnée en Jésus et le sang du sacrifice de la Croix.

Psaume 116 (114-115), 12-13. 15-18

Le psaume commence par un appel à l’aide en situation de détresse. Puis après avoir obtenu le salut du Seigneur, le psalmiste laisse éclater son action de grâces. La liturgie n’a retenu que la dernière partie de ce psaume qui chante la reconnaissance pour le salut que Dieu opère par le sacrifice de Jésus.

Deuxième lecture : Lettre aux Hébreux, 9, 11-15

L’auteur de la lettre aux Hébreux semble opposer l’Alliance nouvelle à l’ancienne Alliance. En réalité, c’est la même et unique Alliance que Dieu scelle d’abord avec le peuple d’Israël par le sang des sacrifices animaux offerts au Temple, sacrifice RENOUVELÉ, rendu nouveau, dans l’offrande que Jésus fait de sa vie pour toute l’humanité. Dieu qui ne change pas… ne peut conclure qu’une seule alliance.

Cantique :

Ce poème sur l’Eucharistie est attribué à St Thomas d’Aquin qui l’aurait rédigé sur la demande du pape Urbain IV lorsqu’il institua cette fête en 1264. Il exprime la foi de l’époque dans le langage d’alors.

Conclusion :

Les textes de ce dimanche mettent l’accent sur le SALUT que Dieu opère PAR les sacrifices : sacrifices d’animaux offerts au Temple dans l’Alliance du Premier Testament, Alliance renouvelée, rendue ‘nouvelle’ par le sacrifice que Jésus fait de sa propre vie.

Notes

  • Holocauste : Comme l’indique la racine hébraïque de ce mot (‘ola), l’holocauste est totalement consumé ; il monte entièrement vers Dieu en signe de soumission et de désir d’entrer dans l’alliance.
  • Sacrifices de paix : seule la graisse était brûlée tandis que la chair était consommée par le peuple pour manifester l’achèvement de l’alliance, l’engagement du peuple.

Textes parallèles

  • Exode 34, 27 : Le Seigneur dit à Moïse : Mets par écrit ces paroles car, selon ces clauses, j’ai conclu mon alliance avec toi et avec Israël
  • Psaume 50, 5 : Assemblez devant moi les miens qui scellèrent mon alliance en sacrifiant

Récits parallèles :

  • Matthieu 26, 20-25 ;
  • Luc 22, 14-23 ;
  • Jean 13, 21-30

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