Lettre du dimanche : 30e dim ordinaire B

Que veux-tu que je fasse pour toi ?

Si Jérusalem symbolise la Cité où Dieu accueille son peuple dans la paix, Jéricho en est l’antipode : c’est la cité du mal, qui devait être détruite. Jésus pourtant n’a pas hésité à se rendre dans cette ville maudite, non pour la détruire – comme le fit Josué – mais pour en ramener des captifs : Zachée et quelques aveugles, dont Bar-Timée. Ainsi commença à se réaliser la prophétie de Jérémie, dont nous parle la première lecture.

Première lecture : Jérémie 31,7-9

Lors de l’Exil à Babylone, Jérémie n’avait pas été emmené avec les déportés. Mais de Jérusalem, dans des conditions difficiles, il s’était efforcé de soutenir le courage des exilés. Le texte de ce dimanche célèbre le retour du Peuple et sa réinstallation sur la Terre d’Israël. Jérémie souligne que ce retour est l’œuvre de Dieu qui conduit la destinée du “reste d’Israël” : ceux qui sont restés fidèles dans l’épreuve de la déportation. Israël est ici nommé Ephraïm, le fils premier-né, comme Dieu le révéla à Moïse en Egypte. Dès la Première Alliance, Dieu est révélé comme un père plein d’amour.

Evangile : Marc 10, 46-52

Jésus se manifeste à un aveugle, le fils de Bar-Timée. Comme le dimanche précédent, l’épisode a lieu sur un chemin : Jésus est en route vers Jérusalem. L’aveugle l’interpelle en lui donnant le nom de “Fils de David”, titre messianique par excellence qui sera repris lors de l’Entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.
Il y a une semaine, Jésus posait aux fils de Zébédé la question : “Que voulez-vous que je fasse pour vous?” Aujourd’hui, il pose la même question au fils de Bar-Timée : “Que veux-tu que je fasse pour toi ?” Cette question s’adresse aussi à nous.

Psaume 125 (126)

Ce psaume fait partie des 15 « Psaumes des Montées » (à Jérusalem). La Michna évoque les 15 degrés à gravir pour accéder au parvis du Temple. Ici, il s’agit peut-être de la montée du retour de Babylone à Jérusalem. Joie du retour comparée à celle du semeur que la moisson récompense de ses peines. Les “torrents du désert” (le Neguev) apportent brusquement la fertilité dans le pays, symbole de la joie et de l’espérance du retour.

Deuxième lecture : Lettre aux Hébreux 5,1-6

Le Grand-Prêtre, successeur d’Aaron, prêtre à la manière de Melchisédech, était en Israël l’intermédiaire entre Dieu et les hommes. L’auteur de l’épître applique ce titre au Christ médiateur par excellence entre l’humanité et son Père. Il est donc Grand-Prêtre. Sa mort et sa glorification constituent un véritable – et même le seul véritable sacrifice.

Conclusion :

Dieu exauce les prières : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Osons demander, même l’impossible et croyons que Dieu donne au-delà de nos demandes, même ce que nous n’osons pas demander

Notes

  • Melchisédech : Roi de justice. Abraham lui rendit la dîme. Dans le Nouveau Testament, il est considéré comme une des figures du Christ.
  • Ephraïm : Le plus jeune fils de Joseph, reçut pourtant la plus grande bénédiction (Gn 48,13). Fondateur de la tribu qui porte son nom, souvent employé dans la Bible comme synonyme d’Israël.

Textes Parallèles

  • Gn 14,18 : Melchisédek, roi de Salem fit apporter du pain et du vin
  • Ex 4,22 : Israël est mon fils, mon premier né
  • Jb 8,21 : Il remplira ta bouche de cris de joie
  • Mt 9,2 : Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie
  • Hb 7 : Melchisédek demeure sacrificateur à perpétuité

Source de l’illustration : Duccio di Buoninsegna. Jesus opens the Eyes of a Man born Blind. Healing of the Blind Man. Entre 1308 et 1311. National Gallery