Le Christ Juif. A la recherche des origines

Le Christ juif. Daniel Boyarin. Cerf, 2013Daniel Boyarin. Traduction de Marc Rastoin avec la collaboration de Cécile Rastoin. Préface du Cardinal Philippe Barbarin.
Editions du Cerf – Août 2013. (Initiations Bibliques)
ISBN : 2204099589

« Dans ce livre, je vais raconter l’histoire d’une époque où Juifs et chrétiens étaient beaucoup plus mélangés les uns avec les autres qu’ils ne le sont aujourd’hui. Une époque où il y avait beaucoup de Juifs qui croyaient en quelque chose de très similaire au Père et au Fils et même en quelque chose de très similaire à l’incarnation du Fils dans le Messie. Une époque où des disciples de Jésus mangeaient casher comme les Juifs, et en conséquence une époque où la question de la différence entre judaïsme et christianisme n’existait tout simplement pas comme aujourd’hui.

Jésus, quand il vint, vint sous une forme que beaucoup, beaucoup de Juifs attendaient : une seconde figure divine incarnée en un humain. La question n’était pas : Un Messie divin doit-il venir ? mais elle était seulement : Ce charpentier de Nazareth est-il Celui que nous attendons ? Certains Juifs ont dit oui et d’autres non, ce qui n’est guère surprenant. » [Daniel Boyarin]

Analyse SIDIC : En introduction, Daniel Boyarin part de recherches récentes pour déplacer la date de la séparation entre Juifs et chrétiens au-delà du Concile de Yavné vers 90, jusqu’aux Conciles de Nicée 325 ou de Constantinople en 381. Dès lors il écrit que durant les trois premiers siècles, « bien des personnes ne voyaient pas de contradiction, semble-t-il, d’être à la fois juif et chrétien » (p.22), et qu’« on reconnaît de plus en plus que les Évangiles eux-mêmes – et même les lettres de Paul – sont une part intégrale de la religion du peuple d’Israël du premier siècle de notre ère. » (p. 34)
Dans les quatre chapitres du livre, Daniel Boyarin argumente pour confirmer le bien fondé de ces deux affirmations, en utilisant comme méthode d’exégèse, le midrash qu’il définit comme « une manière de multiplier la mise en rapport des versets de la Bible avec « d’autres » versets et passages de façon à déterminer leur signification. » (p. 173) Ainsi à partir de l’Évangile de Marc, il revisite les idées mises en avant habituellement pour définir les différences entre judaïsme et christianisme. Il éclaire en premier les déclarations de Jésus Fils de l’Homme, Fils de Dieu, par l’analyse de passages de Daniel 7, de versets de Psaumes, d’écrits du IInd siècle avant notre ère : « Les Similitudes » dans les Livres d’Hénoch et le 4ème Livre d’Esdras. Puis avec le rappel de la Tradition des Anciens, il explique aussi les controverses sur la nourriture, et termine par une relecture brillante du Christ souffrant avec Daniel 7 et Isaïe 53.
Un ouvrage court mais dense et convaincant.